Limite de vitesse sur les autoroutes : 110 km/h au lieu de 130

Les tenants de la limitation à 110 évoquent un consensus national sur le sujet, en se référant à une récente enquête. L’IFOP a posé la question « "Vous personnellement, seriez-vous prêt à réduire votre vitesse sur l'autoroute à 110 km/h, spécifiquement dans le but de réaliser des économies de carburant ?" : ils répondent oui à 63%. Ils évoquent aussi les autres pays d’Europe de l’Ouest, et notamment l’Allemagne, et sa sacro-sainte absence de limitation de vitesse sur les autoroutes. Les portions d’itinéraire soumises à ce régime sont en fait de plus en plus rares. L’agence fédérale de l’environnement démontre ainsi qu’à 120 km/h, « les économies seraient en effet de 2,6 millions de tonnes CO₂ contre 1.9 millions à 130 km/h. » Les ministres des 16 Länders allemands sont tombés d’accord sur le principe d’une limitation, reste à savoir quelle sera son ampleur.

Vent debout contre cette mesure, l’association « 40 millions d’automobilistes » a lancé une pétition le 5 septembre, elle revendique aujourd’hui 400 000 signatures. Elle explique sa position : la moyenne des vitesses constatées sur autoroutes est, dans les faits, déjà comprise entre 112 et 117 km/h, un chiffre qui tient compte des divers travaux et ralentissements. Dès lors, quel impact CO₂ pour cette nouvelle limitation ? L’argument sécuritaire est également évoqué avec la diminution de l’attrait de l’autoroute. Sans un gain de temps significatif à la clé, les conducteurs accepteront-ils de s’acquitter d’un péage (dont les tarifs augmentent régulièrement) ? Pourtant, les autoroutes sont reconnues comme moins accidentogènes que le réseau secondaire. Quid des agglomérations qui seront davantage traversées par le trafic ? Enfin, les opposants remettent en question le sondage évoqué ci-dessus, estimant que la formulation de la question introduit un biais… Ils estiment que si la question posée avait été « seriez-vous prêt à accepter une limite de vitesse sur autoroute à 110 km/h au lieu de 130 » les résultats auraient été différents.

Au carrefour de préoccupations économiques, environnementales et de sécurité, les mesures de limitations de vitesse n’ont pas fini de faire débat… Pour l’heure, chacun garde son libre arbitre, entre 110 et 130 !

La Première Ministre Elisabeth Borne s'est refusée, dans la soirée du lundi 14 novembre, lors d'une émission consacrée au climat sur BFMTV, à imposer une baisse de la vitesse à 110 km/h sur les autoroutes.

Le gouvernement a déjà demandé, dans le cadre du plan sobriété énergétique, que les fonctionnaires réduisent leur vitesse de 130 à 110 km/h lorsqu'ils utilisent des véhicules de service ou de fonction, soit près de 2,5 millions de personnes concernées. Le ministère insiste sur la nécessité de « donner l’exemple ».

À ce stade donc, il n'y aurait pas d'obligation. Cependant, les opposants à la mesure craignent que celle-ci ne devienne plus coercitive et surtout vise tous les citoyens. L’association « 40 millions d’automobilistes » est en alerte.