11 février 2020

Dans le milieu de l’automobile, c’est devenu une banalité. Mais il est clair que lors de la prochaine décennie, l’industrie automobile évoluera davantage qu’au cours du siècle écoulé. Si vos (petits-) enfants se demanderont bientôt ‘à quoi servaient ces pédales’ et ‘à quoi ressemblait une station-service’, ce sera surtout à cause des prochaines révolutions technologiques.

1. Électrification

Le bouleversement technologique qui s’annonce commence évidemment par l’électrification du parc automobile. Une condition sine qua non depuis l’éclatement du scandale du Dieselgate en 2015. Et cette électrification, elle s’est sensiblement accélérée. Conscients que l’industrie automobile ne peut pas continuer à reposer uniquement sur des technologies de propulsion qui ont déjà 130 ans, de nombreux constructeurs ont décidé de tourner la page. Il s’en est suivi une transition énergétique jamais vue : nos voitures ‘analogiques’ fonctionnant grâce à des carburants fossiles vont progressivement céder la place à des véhicules entièrement électriques et donc zéro émission. Évidemment, cette absence d’émissions peut faire débat puisqu’il reste un énorme chemin à parcourir tant au niveau de la production que de l’approvisionnement en électricité.

2. Batteries à l'état solide

L’angoisse de l’autonomie, les longs délais de recharge, le prix des véhicules, etc. Les adversaires des voitures électriques ont encore aujourd’hui de nombreuses raisons pour continuer à ne jurer que par leur moteur diesel polluant. Mais cela pourrait bientôt changer puisque le développement des batteries à l’état solide est dans sa dernière ligne droite. Ces ‘super-batteries’ disposant d’un électrolyte solide possèdent une densité énergétique jusqu’à 2,5 fois supérieure à celle des actuelles batteries lithium-ions. Mais surtout, elles peuvent être rechargées sensiblement plus vite. L’industrie automobile et le milieu de la recherche (l’institut Imec de Louvain est l’un des pionniers du développement de la technologie, NDLR) étudient activement des solutions pour permettre aux batteries à l’état solide d’atteindre un niveau de prix acceptable.

3. Recharge par induction

3. Recharge par induction

Si cette technologie des batteries à l’état solide ne devait mener à rien, l’industrie automobile a encore sous la main d’autres plans pour accélérer la percée de la voiture électrique. Et l’une des pistes actuellement sur la table est la recharge par induction, une technique qui permet de se débarrasser de ces ennuyeux câbles de rechargement. Même si plusieurs marques comme BMW, Mercedes-Benz et Kia notamment proposent déjà un système de recharge sans câble, la technologie n’est pas encore tout à fait au point. Une partie de l’énergie est ‘dispersée’ par le champ électromagnétique et le chargement est ainsi plus lent que via un câble classique.

4. Conduite autonome

L’arrivée sur le marché de voitures entièrement autonomes fait aujourd’hui encore l’objet de nombreuses spéculations. L’un des plus grands défis technologiques à relever est celui du traitement des données. Une voiture autonome devra être en mesure de traiter tellement de données qu’il faudra faire appel pour cela à des CPU (Central Processing Unit) capables d’offrir des vitesses de calcul de plusieurs Teraflops. Afin de vous donner une idée, un CPU possédant une vitesse de calcul de 1 Teraflop est capable d’effectuer 100 milliards d’opérations par seconde. La voiture autonome de niveau 5 sera certainement connectée, mais elle devra être suffisamment indépendante afin de pouvoir interpréter elle-même toutes les conditions de circulation et réagir de façon adéquate à la situation. Selon Bosch, une solution cloud qui permettrait à la voiture de fonctionner simplement grâce à la connectivité n’est pas réaliste car les réseaux peuvent tomber en panne et l’on se retrouverait alors avec une voiture autonome roulant « à l’aveugle » car elle ne dispose pas des données nécessaires. De nombreux défis restent encore à relever : la nécessité de pouvoir compter sur davantage de capteurs, la fiabilité et la sécurité, la détection à 360 degrés dans toutes les circonstances, l’intelligence artificielle, la localisation et bien évidemment la législation, qui devra définir les normes.

5. Technologie V2V et V2I

5. Technologie V2V et V2I

Les voitures autonomes utilisent des données qui vont bien au-delà de ce qui est détecté par les nombreuses caméras, lidars et radars. Par exemple, elles ont besoin de données en temps réel sur le trafic, les embouteillages et les accidents, et doivent donc être connectées à un serveur. Bosch a développé à cet effet l'"horizon connecté" : un système qui permet une analyse dynamique de l'itinéraire à suivre et peut donc également calculer les modifications éventuelles. Grâce à l'horizon connecté, les voitures automatisées peuvent anticiper, ce qui améliore le confort et la sécurité au volant. Les voitures connectées sont averties (ou s'avertissent mutuellement) lorsqu'elles s'approchent d'une zone dangereuse, par exemple en sortant d'un virage, afin qu'elles puissent ralentir de manière préventive. La percée de ces technologies V2V (Vehicle-to-Vehicle) ou V2I (Vehicle-to-Infrastructure) est cruciale pour le développement de la conduite autonome, même s'il faut dire que les autorités locales sont encore loin de le comprendre...

6. Intelligence artificielle

6. Intelligence artificielle

Grâce à l’arrivée de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage automatique, la voiture autonome peut offrir à ses occupants, tout en les menant d’un point A à un point B, un maximum de confort et de divertissements. Selon les prévisions, le marché de l’intelligence artificielle automobile, qui n’en est qu’à ses balbutiements, représentera en 2025 quasiment 11 milliards de dollars. Le bureau d’études londonien IHS Markit prévoit que le taux de pénétration des systèmes d’intelligence artificielle sur les véhicules neufs augmentera d’ici-là de 109 %. Selon Microsoft, qui voit tout l’intérêt de cette évolution, l’intelligence artificielle va se généraliser au niveau de la mobilité et dans notre vie. L’entreprise de logiciels veut associer la voiture autonome à des applications et des assistants digitaux qui pourront interpréter nos agendas, nos itinéraires usuels et d’autres données relatives à la circulation. Un rendez-vous à 14h figure dans votre agenda ? L’algorithme constate que tous les jours, à 17h15 environ, vous rentrez chez vous ? L’intelligence artificielle déterminera l’itinéraire le plus rapide selon la densité de circulation et s’assurera qu’une voiture pourra vous emmener à l’heure adéquate. Simple comme bonjour.

7. MaaS (Mobility-as-a-Service)

Si c’est quelque chose de difficile à comprendre pour ceux qui avaient un poster de Ferrari F40 ou de Lamborghini Countach dans leur chambre d’adolescent, il est clair que les jeunes de la génération Y ont beaucoup moins envie aujourd’hui de passer leur permis de conduire ou de posséder leur propre voiture. Dans ce contexte, il est très facile de comprendre pourquoi le concept de Mobility-as-a-Service, ‘MaaS’ en abrégé, va devenir de plus en plus populaire dans les années à venir. Cette notion de mobilité en tant que service permet aux usagers de sélectionner à la carte l’une des nombreuses solutions de mobilité disponibles, qu’il s’agisse de services de covoiturage, d’autopartage, de vélos partagés ou des réseaux de transports publics, qui peuvent être aisément réservés et payés à l’aide d’une seule appli.

8. Voitures volantes

Aujourd’hui que les embouteillages sont devenus le quotidien de quasiment toutes les villes dans le monde, les automobilistes frustrés ont parfois le regard tourné vers le ciel, espérant une aide divine. Dans quelques années, l’espace aérien pourrait proposer une solution pour la mobilité. Selon le Boston Consulting Group, en 2030, la population mondiale effectuera chaque année 1 milliard de vols en taxis aériens. Il faut juste attendre la création de services partagés sur des itinéraires fixes aériens. Et la plupart de ces taxis aériens, comme les voitures autonomes ‘classiques’, n’auront plus besoin de pilote. Bosch travaille sur une technologie de capteurs qui permettra de garantir la sécurité, le confort et l’accessibilité de ces vols. « Les premiers taxis volants apparaîtront dans les grandes villes au plus tard en 2023 », affirme Harald Kröger, le Président de la division Bosch Automotive Electronics. Une équipe d’ingénieurs de Bosch a déjà combiné des dizaines de capteurs pour concevoir une unité de contrôle universelle pour les taxis volants.