Quelle est actuellement dans votre flotte la ventilation entre voitures électriques et voitures conventionnelles à moteur thermique ?
Nous avons aujourd’hui environ 10 voitures électriques pour une flotte totale de 500 voitures de société. Mais à court terme, elles seront plus nombreuses. Je suis convaincu qu’entre 1/4 et 1/3 des nouvelles commandes concerneront désormais des voitures électriques. Et nous espérons atteindre les 100 % de véhicules électriques d’ici quatre ou cinq ans.
Quelles sont les réactions des premiers collaborateurs passés à l’électrique ?
Ceux qui ont franchi le pas sont très enthousiastes. Mais ce sont évidemment les vrais believers et les early adopters qui ont fait ce choix sur le base d’un engagement personnel. Cependant, même ceux qui hésitaient et qui ont quand même franchi le cap disent aujourd’hui qu’il s’agit simplement d’adopter une autre façon de penser. Comme avec son smartphone, il faut systématiquement penser à recharger son véhicule. Mais une fois qu’on a pris cette habitude, il est très agréable de rouler en voiture électrique.
Avez-vous également choisi personnellement d’effectuer cette transition ?
C’est prévu lorsque le contrat de mon actuelle voiture de société arrivera à échéance à la fin de l’année. Je suis en train de regarder quel modèle je vais choisir. Ce qui est déjà certain, c’est qu’il ne s’agira pas d’une hybride, mais bien d’une voiture 100 % électrique.
Parmi quels modèles électriques vos collaborateurs peuvent-ils aujourd’hui choisir ?
Nous commençons avec la smart électrique. Je pense que nous en avons huit. La e-Golf est très populaire chez nos collaborateurs aujourd’hui. C’est le modèle le plus commandé. Avant, c’était la BMW i3, dont nous avons encore quelques exemplaires dans la flotte. Nous regardons pour l’instant un peu plus loin, puisque l’offre commence à s’élargir. Surtout pour les fonctions de management. La Jaguar I-PACE sera certainement un modèle à prendre en compte. Tout comme la Tesla 3. L’Audi e-tron, indépendamment de son prix, est un modèle très prometteur. Idem pour la Mercedes-Benz EQC.
Pour les autres options en termes de de mobilité, utilisez-vous des applications de mobilité ?
Nos collaborateurs peuvent faire appel à différentes solutions. Ils peuvent ainsi tout simplement commander des tickets (de train) via le service du personnel. Mais pour la facilité, nous proposons la plate-forme Olympus, qui permet d’évoluer vers une solution Mobility as a Service. En fonction du jour et du type de déplacement, nos collaborateurs peuvent ainsi choisir la solution de mobilité la plus adaptée. Mais il existe évidemment des limites puisque de nombreux collaborateurs doivent être présents durant la semaine sur divers sites. La plupart de nos bureaux étant situés à proximité d’importants nœuds de transports publics, l’utilisation du train est déjà assez répandue. Les applications permettent alors de combiner aisément les autres solutions de mobilité pour les trajets.
Quelle est la fréquence d’utilisation d’une appli comme Olympus aujourd’hui ?
Grâce à une plate-forme de ce type, nous pouvons facilement cartographier le caractère durable des déplacements quotidiens de nos collaborateurs bureau par bureau. Certains bureaux sont pour cela mieux situés que d’autres et cela se voit naturellement dans les chiffres. Pour notre bureau situé au centre de Bruxelles, nous en sommes à environ 90 % de déplacements durables. Pour notre bureau d’Anvers-Berchem, qui a ouvert durant l’été 2018, nous avons beaucoup investi sur la mobilité durable et nous en sommes déjà à quasiment 50 % de mobilité durable. Pour la région d’Anvers, c’est un pourcentage assez élevé. À Gand, nous avons aussi des chiffres élevés.
De quelle manière les collaborateurs sont-ils encouragés à adopter des modes de déplacement durables ?
Aujourd’hui, la voiture de société reste particulièrement avantageuse sur le plan fiscal. Et nous continuons à proposer cette solution à nos collaborateurs, surtout que nous devons effectuer de très nombreux déplacements vu que nous sommes actifs dans le secteur de la construction. Il sera difficile d’éliminer un jour la voiture de société et je n’y crois d’ailleurs pas. Ce que nous voulons déjà mettre en œuvre en tant qu’entreprise, c’est permettre à nos collaborateurs d’opter le plus facilement possible pour des solutions de mobilité durables. Celui qui dispose d’une voiture de société peut aussi bénéficier d’un abonnement de train ou d’une indemnité vélo. Nous essayons de stimuler au maximum le recours à ces solutions. Cela coûte de l’argent à notre entreprise car nous ne pouvons pas en retirer directement des avantages sur le plan fiscal, mais nous pensons vraiment que si nous motivons nos collaborateurs à effectuer un maximum de déplacements sur un mode durable, cela représente à terme la solution la plus avantageuse – et la plus durable…
Lorsque je parle avec des personnes d’autres entreprises ou quand je reçois des candidats à l’emploi, je vois bien que de nombreuses entreprises essaient de proposer toutes les alternatives, surtout aux collaborateurs roulant en voiture de société. Mais c’est la voiture de société ou le reste. Et la conséquence, c’est que tout le monde se retrouve bloqué dans les embouteillages du tunnel Léopold II avec sa voiture de société car ils n’ont pas la possibilité de venir parfois en train. En permettant et en facilitant l’accès aux autres solutions, les travailleurs vont de plus en plus souvent opter spontanément pour les solutions de mobilité de substitution. C’est une philosophie que nous soutenons énergiquement au niveau de l’entreprise, et donc aussi au sein de la direction, afin de stimuler au maximum nos collaborateurs dans ce sens. Et on constate que l’idée commence à s’installer lentement au niveau de chacune des couches de l’organisation.
Chez vous, les solutions s’additionnent plutôt que d’être choisies en remplacement des autres.
En effet, et c’est quelque chose que nous entendons souvent de la part des jeunes collaborateurs qui débutent chez nous : ils recherchent précisément cette flexibilité et cette souplesse. Il ne faut pas imposer trop de règles. Ces jeunes ne veulent surtout pas être enfermés dans un carcan et devoir choisir une solution plutôt qu’une autre. Ces nouveaux collaborateurs essentiellement sont à la recherche d’une flexibilité maximale, également sur le plan de la mobilité.
Est-il nécessaire de faire des sacrifices dans d’autres domaines si l’on bénéficie de cette flexibilité ?
Non. Il s’agit simplement d’un extra. Nous proposons aussi par exemple un Flex Income Plan dont peut faire partie la voiture de société. Le collaborateur peut choisir volontairement de s’en passer pour augmenter son salaire brut. C’est le début d’un budget mobilité. Aujourd’hui, l’avantage fiscal de la voiture de société est encore tellement important que la compensation brute que l’on peut avoir en échange n’est pas suffisante, même si l’on propose en parallèle toutes les autres solutions de mobilité. Nous sommes donc très curieux de voir comment tout cela va évoluer dans les années à venir.
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